Ancienne gare de Sainte-Agathe-des-Monts
L'ancienne gare de Sainte-Agathe-des-Monts s'inscrit dans l'histoire de la colonisation des Laurentides. Le projet est soutenu par le curé de Saint-Jérôme, François-Xavier-Antoine Labelle (1833-1891), dont l'objectif est d'endiguer l'exode de la population des campagnes vers le nord-est des États-Unis. La crise économique de 1873 retarde les travaux, mais un premier tronçon reliant Montréal et Saint-Jérôme est inauguré en 1876. Le Canadien Pacifique (CP) fait l'acquisition de la ligne en 1882 et poursuit lentement son développement vers le nord. Horace Jansen Beemer (mort en 1912), homme d'affaires américain engagé dans plusieurs projets de chemins de fer au Québec, agit alors comme entrepreneur. Le train arrive à Sainte-Agathe-des-Monts en 1892. La première structure d'accueil se limite vraisemblablement à un simple abri érigé dans la vallée en marge du petit noyau villageois occupant la colline. La gare actuelle est érigée en 1902 d'après le plan standard dit de « gare normale No 1 sans habitation » du CP. Il s'agit du premier exemple d'un modèle de gare repris et adapté par la suite quelques fois par la compagnie. Puisant des éléments à l'architecture du courant pittoresque, qui transforme l'architecture ferroviaire au tournant du XXe siècle, le bâtiment rectangulaire en bois comporte une salle d'attente vitrée arrondie au toit conique, un toit à croupes, des avant-toits débordants, des consoles en bois ainsi qu'une baie en saillie correspondant au bureau du chef de gare. La gare est déplacée puis agrandie en 1913. Un nouveau corps de logis rectangulaire d'un étage et demi au toit à deux versants est intégré à l'édifice original. Un espace de restauration est aménagé au rez-de-chaussée et un dortoir pour le personnel de la compagnie occupe l'étage. Une salle de bagages, logée dans un bâtiment distinct, est aménagée à cette époque sur le site ferroviaire. Cette structure secondaire ainsi que d'autres ont disparu depuis, tout comme la lucarne qui surmontait la baie en saillie de la gare. L'arrivée du chemin de fer à Sainte-Agathe-des-Monts met fin à son isolement et contribue à la transformation de son paysage. En plus de favoriser l'industrie du bois et le tourisme, le lien ferroviaire permet à la localité, réputée pour la salubrité de son air, de devenir un haut lieu du traitement de la tuberculose par l'établissement de sanatoriums accessibles quotidiennement à partir de Montréal. Plusieurs nouveaux résidents fortunés acquièrent des propriétés et érigent des demeures cossues toujours visibles dans le paysage bâti agathois. La gare devient dès les années 1920 le lieu d'arrivée des trains spéciaux du CP qui amènent les skieurs dans la région. C'est l'âge d'or du lien ferroviaire qui prend alors le nom populaire de « P'tit train du Nord ». L'amélioration des liens routiers, notamment la construction de l'autoroute du Nord dans les années 1960, entraîne une diminution des activités ferroviaires sur la ligne Montréal-Mont-Laurier. Interrompu en 1960, le service reprend en 1978, mais l'exploitation du chemin de fer est définitivement abandonnée en 1981. Les rails sont démantelés dix ans plus tard. L'ancienne gare de Sainte-Agathe-des-Monts est citée en 1993. En 1994, elle est désignée gare ferroviaire patrimoniale par le gouvernement du Canada. Le gouvernement du Québec achète l'ancienne emprise ferroviaire entre Saint-Jérôme et Mont-Laurier la même année afin de créer le corridor récréotouristique du P'tit Train du Nord, officiellement inauguré en 1996. L'ancienne gare est restaurée à cette occasion, et elle devient un lieu d'accueil des visiteurs et des utilisateurs de la piste cyclable. Un bureau d'information touristique ainsi que les locaux de la chambre de commerce de la municipalité y sont aménagés. Un petit musée d'histoire locale est inauguré sur les lieux en 2005. Le 14 octobre 2008, la gare a été gravement endommagée par un incendie. Source : Répertoire du patrimoine culturel du Québec (www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca)